LA VIE DEVANT SOI - Émile Ajar

« J’éprouve parfois le besoin de changer d’identité, l’espace d’un livre. »
Romain Gary

« L’oeuvre ajarienne, par sa dimension énigmatique, a depuis toujours suscité la curiosité du monde littéraire, subjugué un large public. Elle présente donc un intérêt particulier, voire même exceptionnel, pour qui voudrait étudier le phénomène du dédoublement auctorial. »
Guérin, Raymonde, Le Mythe de Protée dans l’oeuvre d’Émile Ajar, 1994

La vie devant soi est donc un roman d’Émile Ajar (Romain Gary) publié le 14 septembre 1975 au Mercure de France et ayant obtenu le Prix Goncourt la même année.

résumé
Madame Rosa, une vieille juive qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait (selon le terme utilisé par Momo pour signifier prostitution) rue Blondel à Paris, a ouvert « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les dames qui se défendent abandonnent plus ou moins leurs rejetons. Momo, jeune Arabe d’une dizaine d’années, raconte sa vie chez Madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste, cette ancienne respectueuse, grosse, laide et qu’il aime de tout son cœur. Le jeune homme accompagnera la vieille femme dans ses derniers jours.

Dans ce roman plusieurs aspects sont intéressants, ce n’est pas seulement l’histoire, celle d’un petit garçon de 10 ans qui va aider la femme qui l’a recueilli à mourir dignement. C’est aussi le fait que le livre cache une autre réalité. Une analyse un peu approfondie révèle en effet une autre dimension, presque autobiographique.
Car il s’agit là de l’histoire d’un individu en quête d’identité, tout comme l’auteur, qui s’inventera toute sa vie des pseudonymes.
Une courte biographie est nécessaire pour mieux comprendre.
Romain Gary est un immigré d’origine lituanienne. Né Roman Kacew, de père inconnu, il est naturalisé français en 1935. Après son service militaire, il embrasse une carrière de diplomate, et écrit