La vie immédiate
Paul Éluard
B L'œuvre d'Éluard se compose d'un grand nombre de recueils poétiques : les poèmes ne sont pas présentés de façon brute, ou selon un ordre purement chronologique. Éluard paraît très attentif au contexte dans lequel il publie un poème, à l'influence réciproque que différents textes peuvent avoir les uns sur les autres, ainsi qu'au sens supplémentaire qu'il est possible de leur conférer en les faisant entrer dans un cadre spécifique. Ainsi, la pratique du recueil relève véritablement du travail poétique, et il s'agit d'un versant important de la création chez Éluard. Or, cette pratique est chez lui très variée. On peut, globalement, regrouper ses recueils en trois catégories.
Tout d'abord, Éluard constitue des recueils autonomes : ce sont des recueils dont les poèmes n'ont pas été publiés pré- cédemment et n'ont été que très ponctuellement et accessoirement repris dans des recueils postérieurs, la plupart du temps dans des anthologies ; il s'agit donc de recueils qui, dès leur premier état, ont atteint leur forme définitive. Leur autonomie peut tenir à plusieurs raisons. Il peut s'agir de poésie de circonstance (Poèmes pour la paix, Hommages), de recueils écrits en collaboration avec d'autres poètes (les
Malheurs des immortels avec Max Ernst,
Ralentir Travaux avec René Char et André
Breton, l'Immaculée Conception avec ce dernier ; les textes émanant simultanément des différentes instances d'écriture, Éluard ne pouvait se permettre de les reprendre dans ses recueils et anthologies personnels) ; parfois, les poèmes sont réunis autour d'une thématique particulière et qui est un peu en retrait par rapport à celles qui sont habituelles au poète (Léda ; le
Temps déborde, recueil évoquant la mort de la femme du poète).
Mais, la plupart du temps, les recueils d'Éluard sont sujets à des reprises et à des modifications, ce qui aboutit à des recueils