La vie d'abdel
"La Vie d’Adèle (chapitres 1 et 2), d’Abdellatif Kechiche. Girl meets girl. Le cinéma français continue, dans le meilleur des cas, de creuser un sillon inauguré par Maurice Pialat à la fin des années 1960. La palme d’or cannoise décernée à cette histoire douce-amère de fille de quinze ans (dixit le synopsis) happée par l’homosexualité (qui devient dans le contexte un substitut de bohème échevelée) est amplement justifiée. Ne serait-ce que parce que le cinéaste sait donner du poids aux scènes par son travail sur la durée. Mais on ne peut pas dire qu’il excelle dans son analyse de la société en général – qu’il s’agisse des classes modestes aussi bien que des bourgeois bégueules. C’est à notre sens la limite du film. Le ratage le plus évident étant la vision du milieu artistique, d’une artificialité tissée de lieux communs (parfois pédants, comme la dichotomie convenue entre les peintres Schiele et Klimt). Malgré ce typage raté, la force émotionnelle du film reste intacte, évidente." humanité.fr
"“Je suis femme…” Ce sont les premiers mots prononcés et ils ne le sont pas par le personnage éponyme. C’est une camarade de lycée d’Adèle qui s’exprime, mais pas en son nom propre. Elle cite un extrait de La Vie de Marianne de Marivaux, puisque toute la première partie de La Vie d’Adèle nous ramène régulièrement dans ce foyer cher au cinéma d’Abdellatif Kechiche (cf. L’Esquive) : la salle de classe.
Femme, Adèle (Adèle Exarchopoulos) ne l’est évidemment pas : elle a 17 ans et contrairement à l’adage rimbaldien, elle est plutôt sérieuse pour son âge – elle aime lire, travaille plutôt bien et ne court ni les garçons, ni personne. Le roman graphique dont est adapté le film, Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, suit le personnage (qui ne s’appelle pas Adèle mais Clémentine) jusqu’à son trépas. Kechiche a éludé tous les développements mélodramatiques de la BD (la maladie, la mort, la découverte par la survivante éplorée d’un journal intime où leur