La vie à ceux qui ne la vivent pas
334 mots
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On sent toujours l’envie d’écrire des mots, rien que des mots . , traduire un sentiment sur une feuille sinistre , humidifiée par la solitude , Blanchie par le silence, qui , humble , n’a pas eu l’insolence de bifurquer vers la bravoure du DIRE …et rouillée par l’attente d’une caresse , d’un frôlement ou simplement , de n’importe quel contact qui ne vient jamais ! Une feuille, non écrite, vierge qui cherche à se délasser du vide préférant se salir, se déshonorer par les ennuis des autres que languir toute seule et geler en blancheur...Peut être n’est elle pas aussi ambitieuse pour rêver d’être dessinée, écrite ou colorée … peut être qu’une rature l’aurait rassasiée …peut être que seule une gomme l’aurait débarrassé de sa fadeur …J’avais toujours su ce que peine à une feuille et ce qui aurait pu lui faire plaisir …mais la question qui vit le jour très brusquement est bien plus compliquée : est ce qu’une personne qui décide de tenir un « quoi que ce soit » pour chauffer le dos à cette Blanche froide en relatant ses émotions , en écrivant … peut arriver à abandonner son précipice et réaliser un petit bout d’une jouissance pâlie , perdue, gâchée ou déméritée ?
Je n’ai jamais posé cette question à personne sauf à moi-même, et même ce moi-même a tardé d’y trouver une réponse persuasive …ce qui compte c’est qu’il l’a enfin trouvée : Puisque ma délectation ne verra jamais le jour, puisque mon bonheur ne prendra jamais la peine d’atterrir et s’envolera toujours, puisqu’un ravissement ne me séduira jamais …. Pourquoi ne pas s’efforcer d’écrire pour tâcher de rendre heureuse une feuille ? ….Moi qui est prétendue être la priorité des uns et la chère aux autres , ne vais rien prétendre , parce que prétendre est bien loin de la réalité , je vais penser vraiment à cette autre …
MA FEUILLE ,
Ma corbeille est bien remplie de mots déchirés