La vision de l'enfant à travers alice in wonderland
En Angleterre, le conte d’Alice au Pays des Merveilles, connait presque autant de succès que la Bible. Mais en l’écrivant, Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Dogson, ne s’imaginait sans doute pas que son livre deviendrait un classique de la littérature enfantine. Enseignant mathématicien de son état, il publia en 1865, pour sa jeune amie Alice Liddell, les aventures de son homologue plongée dans un univers fantastique et lui donna une suite en 1874 : De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva. Depuis lors, les deux ouvrages font l’objet de nombreuses récritures et adaptations. Tandis que le dessin animé Alice in Wonderland réalisé par Disney en 1951 a finit d’encrer ce conte dans la culture universelle, une nouvelle interprétation, cinématographique cette fois, dirigée par Tim Burton est prévue pour cette année.
Face à ces différentes adaptations, nous nous sommes donc demandé quelle image de l’enfant se dégageait du conte d’Alice au Pays des Merveilles de 1865 à de nos jours.
En nous basant sur trois époques (celles du livre de Carroll, du Dessin animé de Disney et aujourd’hui), nous allons de tenter de répondre à cette question en nous intéressant à l’évolution des rapports d’Alice avec les autres personnages et à celle de son monde intérieur.
I – Alice et son rapport aux autres
A. Alice : Personnage miroir de l’enfant
Alice est chaste et pure, parfait reflet des enfants issus de l’époque victorienne. En effet, lorsque Lewis Carroll écrit son histoire, au milieu de XIX° siècle, Freud n’a pas encore développé sa théorie de la sexualité enfantine et l’enfant a vécu jusqu’alors sans identité propre : il n’est qu’un sous-homme, un petit adulte, réduit, dans certains milieux sociaux, à l’état d’animalité et d’entité négligeable. Le meilleur exemple pour illustrer ce statut est encore l’écrivain Rousseau qu’on accusa à juste titre d’avoir abandonné ses