La vocation du féminin
Jean-Michel Vives
La vocation du féminin
Dans le séminaire XI consacré aux Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Jacques Lacan avance : « On peut […] dire que l’idéal viril et l’idéal féminin sont figurés dans le psychisme par autre chose que cette opposition activité-passivité dont je parlais tout à l’heure. Ils ressortissent proprement d’un terme que je n’ai pas, moi, introduit, mais dont une psychanalyste a épinglé l’attitude sexuelle féminine – c’est la mascarade. La mascarade n’est pas ce qui entre en jeu dans la parade nécessaire, au niveau des animaux, à l’appariage, et aussi bien la parure se révèle-t-elle là, généralement du côté du mâle. La mascarade a un autre sens dans le domaine humain, c’est précisément de jouer au niveau, non plus imaginaire, mais symbolique 1. » C’est à une psychanalyste anglaise, Joan Rivière, que l’on doit ce qui pourrait paraître à première vue comme une provocation masculine : l’articulation de la féminité et de la mascarade 2. Dans son texte de 1929, La féminité en tant que mascarade, elle écrit : « Le lecteur peut se demander quelle distinction je fais entre la féminité vraie et la mascarade. En fait, je ne prétends pas qu’une telle différence existe. Que la féminité soit fondamentale ou superficielle, elle est toujours la même chose 3. » Lacan reprend la thèse 4. Pour lui, également, ce qui est présenté comme système de défense serait l’attitude féminine par excellence. Puisque le sexe féminin n’est rien, la femme va créer un paraître qui se substitue à l’avoir pour masquer le manque. La mascarade serait alors comprise comme l’orga-
Jean-Michel Vives, maître de conférences, université Nice Sophia-Antipolis, psychanalyste, 95 rue Victor Esclangon, 83000 Toulon. 1. J. Lacan, 1964, Le Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 176. 2. J. Rivière, 1929, « La féminité en tant que mascarade », trad. fr. dans Féminité