Lacombe Lucien- commentaire: ‘L’adoption’ de Lucien dans les Gestapistes
Commentaire : ‘L’adoption’ de Lucien dans les Gestapistes
Cette séquence se déroule quand Lucien est arrêté par les gestapistes à cause du pneu percé qui l’avait empêché de rentrer avant le couvre-feu. A l’Hôtel de Grottes, le quartier général des gestapistes, Lucien trahit l’instituteur et chef local du maquis, Peyssac qui l’avait refusé en raison de sa jeunesse. La séquence présente non seulement le thème de la banalité du mal, récurant tout au long du film, mais aussi le caractère innocent et naïf de Lucien, «the embodiment of ambiguity» (Frey 2004:94), qui est une des grandes sources de controverses parmi les critiques, ainsi que les indications concernant le développement de Lucien.
On voit tout d’abord en plan moyen, souvent utilisé pour planter le décor, Lucien qui prend son petit déjeuner et Lucienne qui ouvre les lettres de dénonciation. Lucienne s’exprime sur la ponctualité et la serviabilité des allemands et Lucien, en plan américain, observe et écoute attentivement avec l’innocence d’un enfant. Le fait que Lucien ne fasse aucun commentaire et qu’à la fin de la séquence il soit surpris par les lettres: «y en a encore beaucoup comme ca ?», montre comme il est «ignorant et coupé de toute réalité politique» (Nacache 2008:44). Il est révélé avec l’arrivée de Peyssac que Faure est plus ou moins le seul qui s’engage politiquement dans la collaboration et qui condamne verbalement les «socialistes». Même Lucienne montre un certain détachement politique en racontant qu’elle s’est cassé un ongle. Cette proclamation illustre surtout la banalité du mal : on voit que Lucienne, en plan américain, est plus troublée par cela que par l’issue de la guerre.
Tonin arrive débraillé, suivi d’un jeune coiffeur. Bizarrement, Tonin, chef des gestapistes, appelle Lucienne «maman» ; une évocation maternelle également illustrée par les remarques de Lucienne sur les allemands puis sur le fait que Tonin ait bu «c’est mauvais le matin». Le