Laicite
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Est-il possible d'instrumentaliser la laïcité ?
« Dieu est mort ». Le célèbre aphorisme de Friedrich Nietzsche donne la mesure de l'émancipation laïque qui au cours de la deuxième partie du XIXème siècle a conduit (de manière notable en France) à la séparation stricte des églises et de l'État. Pour le philosophe allemand il ne s'agissait nullement de proclamer la mort physique de Dieu mais bien de signifier le dépassement des valeurs chrétiennes en tant que lois morales universelles. En 1905, la loi de séparation des églises et de l'État consacre la vision d'Aristide Briand et de Jean Jaurès d'une laïcité visant le principe de neutralité arbitrale. Par opposition à la vision stricte d'Emile Combes qui combattait de manière virulente l'Église catholique et les congrégations, le principe de laïcité qui découle des lois de 1905 (et ultérieurs en 1907 et 1908 notamment) repose sur trois principes fondamentaux : le respect de la liberté de conscience et de culte, la lutte contre toute domination de la religion sur l'État et la société civile, l'égalité des religions et des convictions (incluant le droit de ne pas croire). Il existe des formes de laïcités très diverses mais aucun État n'a formalisé un corpus de principes aussi stricts que ceux en vigueur en France. D'États ouvertement confessionnels (Iran et Israël par exemple), constitutionnellement appuyés sur des valeurs religieuses (États-Unis, Irlande), concordataires (Italie, Espagne) ou encore organisés sur la base d'un État contrôlant les religions officielles (Grande Bretagne, Suède), il ne demeure que la Turquie pour partager constitutionnellement une vision rigoureuse de la séparation des églises et de l'État. Il conviendra de préciser que la Turquie a fait évoluer sa pratique avec l'arrivée au pouvoir de