Langage et communication animale * Descartes affirme que le langage n’appartient qu’à l’homme, parce qu’il est le seul à penser : l’animal peut éventuellement émettre des sons, mais il ne parle pas, il n’est pas capable de justifier ce qu’il dit (en le reformulant) et de prouver qu’il en maîtrise la signification. * La linguistique – qui a pour objet l’étude scientifique du langage – aboutit à un constat semblable en montrant que le langage est un système de communication caractérisé par une double articulation, impossible aux animaux. Évoquer un système, c’est signaler l’existence d’unités isolables, en nombre constant, constitutives de tous les messages, mais aussi celle de règles stables pour combiner ces unités. Quant à la double articulation, elle désigne le fait qu’un message est décomposable en monèmes (unités dotées d’une forme sonore et d’un sens) et en phonèmes (unités minimales d’articulation dénuées de sens) : "parlons" est ainsi constitué de deux monèmes (parl/ons – ce dernier signalant que l’action évoquée par le premier est accomplie par une ou plusieurs personnes) et de cinq phonèmes (p/a/r/l/ons – puisque je peux articuler, sans me soucier d’un sens : darlons, pirlons, paflons, etc.). * Cet aspect combinatoire n’existe pas chez les animaux, incapables de produire de nouveaux messages en combinant des extraits de ceux dont ils disposent. Comme chaque langue utilise un nombre restreint de phonèmes (quelques dizaines) pour composer un nombre potentiellement infini de messages, le système est particulièrement économique et performant.
Les mots et les choses *
Dans le Cratyle, Platon pose la question qui peut préoccuper chaque locuteur : existe-t-il une ressemblance entre les mots et les choses? L’affirmer, comme le fait Cratyle, c’est en un sens garantir que la langue coïncide avec le monde et en constitue une première connaissance. Le nier, comme Hermogène, c’est admettre – à la façon de la linguistique – que le