L'auberge rouge de custin
Édition de référence :
Éditions Rencontre, Lausanne, 1962. 4
À monsieur le marquis de Custine.
En je ne sais quelle année, un banquier de
Paris, qui avait des relations commerciales très étendues en Allemagne, fêtait un de ces amis, longtemps inconnus, que les négociants se font de place on place, par correspondance. Cet ami, chef de je ne sais quelle maison assez importante de
Nuremberg, était un bon gros Allemand, homme de goût et d’érudition, homme de pipe …afficher plus de contenu…
– De
Bonn, s’écria Prosper. Et nous n’avons encore rien mangé depuis ce matin. – Oh ! quant aux vivres ! dit l’aubergiste en hochant la tête. On vient de dix lieues à la ronde faire des noces à l’Auberge rouge. Vous allez avoir un festin de prince, le poisson du Rhin ! c’est tout dire. Après avoir confié leurs montures fatiguées aux soins de l’hôte, qui appelait assez inutilement ses valets, les sous-aides entrèrent dans la salle commune de l’auberge. Les nuages épais et blanchâtres exhalés par une nombreuse assemblée de fumeurs ne leur permirent pas de distinguer d’abord les gens avec lesquels ils allaient se trouver ; mais lorsqu’ils se furent assis près d’une table, avec la patience pratique de ces voyageurs philosophes qui ont reconnu …afficher plus de contenu…
Il avait de beaux traits, et surtout un large cou dont la blancheur était si bien relevée par une cravate noire, que Wilhem le montra par raillerie à
Prosper.....
Ici, monsieur Taillefer but un verre d’eau.
– Prosper offrit avec courtoisie au négociant de partager leur souper, et Wahlenfer accepta sans façon, comme un homme qui se sentait en mesure de reconnaître cette politesse ; il coucha sa valise à terre, mit ses pieds dessus, ôta son 24 chapeau, s’attabla, se débarrassa de ses gants et de deux pistolets qu’il avait à sa ceinture. L’hôte ayant promptement donné un couvert, les trois convives commencèrent à satisfaire assez silencieusement leur appétit. L’atmosphère de la salle était si chaude et les mouches