Une fois ces considérations préliminaires posées, Bergson va au § II établir sa thèse, celle-là même auquel on réduit d’ordinaire Le rire de Bergson. La Vie est un mouvement permanent et ce mouvement est fluide et continu. Ce qui est en mouvement de manière fluide et continu ne nous fait pas rire, car c’est l’expression du naturel et de la spontanéité vivante. La traque d’un léopard dans les herbes hautes et son mouvement souple et régulier de félin n’ont rien de drôle. Nous y retrouvons l’assurance, la puissance, la souplesse, la beauté de la Nature. Mais si le fauve dérapait sur une pierre pour se ramasser par terre, cela deviendrait assez drôle. Une rupture inattendue dans le apparaîtrait dans le mouvement et de cette surprise pourrait jaillir un rire. Soyons encore plus précis. Ce qui compte, c’est que nous repérions une intention dans sa continuité et que, tout d’un coup, la continuité soit rompue. Un homme qui marche le long d’une rue c’est banal. Mais s’il se prend le pied dans le caniveau et tombe, cela devient drôle. S’il avait fait attention, il aurait évité l’obstacle. En manquant d’attention, il a donné au mouvement une raideur mécanique qui n’est plus la souplesse de la vie. Il est tombé sous l’effet de sa raideur et cela nous fait rire. la thèse de Bergson est la suivante : ce qui nous fait rire, c’est justement l’introduction de quelque chose de mécanique dans le vivant. La vie est écoulement, parce qu’elle est portée par la Durée, qui est le Temps dans sa puissance permanente de création. Tout ce qui vit est écoulement continue et sans rupture et c’est ce qui donne le naturel qui est simplicité et la simplicité ne suscite pas de commentaire, elle est et c’est tout. Par contre, le compliqué, ce qui est raide, mécanique, qui ne coule pas, retient notre regard. Et peu nous faire rire. Nous tenons là un principe et un procédé, avec lequel peut fabriquer des milliers d’effets comiques. C’est par exemple le principe de la farce. C’est le clown qui discute