Le bon sauvage
« Il n'y a point d'absurdité qui n'ont été soutenue par quelque philosophe » Cicéron
Dès la fin du XVe siècle, de grands explorateurs tels Christophe Colomb ou Vasco de Gama ont respectivement fait route vers l'Amérique et les Indes. Leurs carnets de voyage révèlent l'existence de nouvelles terres, cultures et de nouveaux peuples. L'Europe prend alors conscience qu'elle n'est plus seule au monde.
Au XVIIIe siècle, des récits comme Les six voyages de J.B Tavernier (1605-1689) ou le Voyage en Perse et en Inde orientale de J.Chardin (1643-1713) sont de plus en plus nombreux. Très appréciés du public, ils véhiculent l'image idyllique d'un homme nouveau: le «Bon Sauvage»: les européens voient en lui la parfaite harmonie entre l'Homme et la Nature, loin de tout préjugés, et de tout ordres que ce soit.
Rapidement, les philosophes, penseurs et opposants aux idées et dogmes obscurantistes de l'époque, vont ce l'approprier.
Tout ceci nous amène à nous demander pourquoi le «Bon Sauvage» est-il une source d'inspiration des philosophes du XVIIIe siècle?
Nous verrons d'abords que c'est grâce à son caractère mythique que le « Bon Sauvage » est utilisé par les philosophes mais aussi parce que c'est un outils de diffusion des idées des Lumières.
Chez les peuples anciens, le mythe a pour fonction d'apporter une explication à l'origine du monde et aux phénomènes naturels mystérieux. Ainsi, les grecs expliquaient la naissance de l'univers par l'union d'Ouranos (le ciel) et Gaïa (la terre).
Ce type de récit sert a mieux raconter la vie des hommes mais aussi permet de rêver d'un ailleurs plus accueillant pour fuir l'oppressante réalité. C'est en substance ce qu'est le mythe du «Bon Sauvage».
Fruit de l'imaginaire des lecteurs (peu nombreux) des récits de voyages qui foisonnent à partir du XVIe siècle, il est la somme des nombreuses descriptions des hommes primitifs vivants dans les natures