Le bonheur et la chance
Le bonheur ne serait-il donc qu’une question de chance ? Ce n’est pas sûr : car si la chance favorise le bonheur, elle n’y mène pas nécessairement : on peut gagner au loto et rester malheureux, par exemple si on ne sait pas gérer cette fortune subite et qu’on tombe dans la paresse, la déchéance ou l’ennui. Nous sommes donc face à une contradiction : d’une part, il semble que le bonheur soit une question de chance, car la chance peut nous apporte des choses fondamentales qui sont la condition du bonheur (vie, santé, richesse, amis, etc.) ; d’autre part, notre bonheur semble dépendre surtout de nous, parce que la plupart des choses qui font notre bonheur dépendent de nous : notre richesse dépend de notre travail, nos amis dépendent de notre sympathie, notre santé dépend de notre hygiène, etc.
Pour tâcher d’éclaircir ce problème, nous montrerons d’abord en quoi la chance contribue au bonheur. Puis nous montrerons que le bonheur dépend aussi de nous pour une part importante.
Nous pouvons d’abord remarquer que la chance contribue au bonheur. En effet, si nous concevons le bonheur comme la satisfaction de nos plaisirs, il est certain que la chance peut y contribuer, dans la mesure où elle peut favoriser la satisfaction de nos désirs. Nous avons déjà cité l’exemple de celui qui gagne au loto : une telle chance contribue certainement au bonheur, même si elle ne le garantit pas. Mais on pourrait donner d’autres exemples : par exemple, la chance d’être en vie et en bonne santé, ou la chance d’être né dans une famille aimante et sans problèmes, ou dans une classe sociale aisée ; ou encore la chance d’être heureux en amour, c’est-à-dire de rencontrer l’âme sœur. Une telle chance