Le capital financier et sa circulation: deux causes oubliées de la crise économique
Attention aux excès de vitesse qui vont précipiter les économies de crise en crise: il est temps de tirer la sonnette d’alarme et d’ouvrir le débat
Dans une adaptation DP de l’allemand, nous publions un texte de Mario von Cranach, professeur émérite de l’Université de Berne et vice-président de l’association Kontrapunkt, dont il est membre du Conseil pour la politique économique et sociale. Il a coédité l’an dernier un dossier Lernen aus der Krise – Auf dem Weg zu einer Verfassung des Kapitalismus (DP 1851).
Le problème:
Le débat sur les causes de la crise économique mondiale et les stratégies pour en éviter la répétition néglige deux facteurs: l’accumulation du capital (de la fortune si l’on préfère) et le volume des transactions sur les marchés financiers, qui représentent un multiple des prestations de l’économie réelle. Cette bulle est la cause profonde de la crise économique mondiale. Laquelle ne s’explique donc pas seulement par les facteurs évoqués jusqu’ici, tels les inégalités entre les économies nationales et l’important endettement qui en a résulté pour certains pays, la politique américaine des bas taux d’intérêt ainsi que les crédits trop facilement accordés par les banques.
Le fondement : le «principe du profit» du capitalisme:
Le développement excessif des fortunes résulte du principe du profit, inhérent au système capitaliste: par l’investissement dans les processus économiques, le capital se doit de continuellement augmenter; d’où la «croissance» de l’économie. En effet, sans perspective de gain, pas d’investissement. Mais comme l’économie réelle a de son côté besoin du capital pour son financement, elle est effectivement condamnée à la croissance.
L’injection de capital se fait la plupart du temps sous forme de crédits. Du coup, l’accroissement du capital s’accompagne d’une augmentation de l’endettement, des entreprises comme des collectivités. Cette