Le chene et le roseau
Le Chêne et le Roseau
Fable de la Fontaine qui laisse de côté bestiaire courant pour s’intéresser à deux végétaux dans leur cadre naturel, le Chêne et le Roseau. D’emblée le titre suscite une attente d’une confrontation entre David et Goliath, que la lecture du texte satisfait dès lors que le rideau de la fable s’ouvre. C’est en effet grâce à un véritable travail de mise en scène qui s’opère dès lors, ne rendant que plus frappante la leçon à tirer de la scène ; voyons en quoi consiste ce travail.
I) Un dialogue dans un décor naturel
Structure donne entrée in medias res : on assiste alors aux tirades successives du Chêne et du Roseau avant qu’un épilogue précipite les choses, au présent de narration.
a) la mise en scène des personnages
- Orgueil du Chêne qui établit un rapprochement injustifié ( il faut comparer ce qui est comparable ), de plus il porte un jugement de valeur sur la Nature en tant que puissance créatrice ( hybris ) ainsi qu’une emphase avec une périphrase ronflante « sur les humides bords des Royaumes du vent » ; une comparaison avec « Caucase » et une personnification « mon front » sont du registre, c’est donc une manière d’affirmer sa supériorité. - Condescendance, déférence du « vous » - Opposition soulignée : deux tirades se répondent ; le Roseau est un « arbuste », le Chêne un « arbre » v.28 ; « vous oblige » / « brave » avec « cependant » au milieu ; alternance « je » / « vous », v.12-15 ; v.10 « Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr » parallélisme accentué par symétrie des hémistiches de l’alexandrin ; le Chêne représente le Soleil et la Terre tandis que le Roseau représente l’eau et l’air. - Petitesse et vulnérabilité du Roseau : emploi de l’irréel du présent « si vous naissiez … » / « mais vous naissez » v.11-15 : « moindre », « roitelet » avec suffixe diminutif.
b) le décor naturel
Il prend forme à travers le discours des personnages et semble n’avoir sens