Le Cheval Majeur Writer
Suivant le vœu de Raymond, deux de ses frères – figures de l'art des avant-gardes européennes – réalisèrent deux agrandissements successifs du plâtre de 1914 afin de couler en bronze des épreuves : le premier réalisé par son aîné Jacques Villon en 1930-1931, le second par son cadet Marcel Duchamp en 1966. C'est de cette dernière mise en œuvre que proviennent les huit exemplaires dits du Cheval majeur, dont celui dédicacé et conservé au Centre Pompidou à Paris.
Ce bronze imposant – un mètre cinquante de haut – est l'aboutissement d'un processus trouve sa source dans la figure d'un joueur de polo. Les nombreux croquis et dessins réalisés sur ce thème furent graduellement et systématiquement simplifiés. Ces recherches aboutirent peu à peu à l'éviction de la thématique du cavalier – si chère aux artistes de l'avant-garde (cf. Der Blaue Reiter, le « Cavalier bleu », mouvement initié à Munich par Wassily Kandinsky – pour se concentrer exclusivement sur le motif de la monture.
Dans l'œuvre de Duchamp-Villon, le cheval n'est pas représenté de façon naturaliste. Comme s'il eût été réalisé par l'emboîtement de triangles inversés, adoucis par des formes courbes et légèrementchantournées, le motif présente un équidé totalement stylisé, ramassé dans une torsion verticale transmettant une forte impression de dynamisme. Contrairement aux sculptures cubistes de l'époque, qui fragmentent l’espace et les volumes, la sculpture du Cheval majeur est marquée par le souci de préserver l’intégrité des masses : on peut promener son regard tout autour de l'œuvre sans qu'il ne rencontre ni obstacle ni discontinuité.
Des formes issues du monde mécanique –