Je ne parle ni de grammaire ni du style des arts mais de leur pensée.
En tout premier lieu, la lecture de cette citation a fait se dérouler devant moi un éventail éclectique de l'histoire de l'art du XXe siècle. Puis, après quelques recherches, je finis par me rendre compte qu'Emile Mâle, loin d'être un historien des Avant Gardes ou de Marcel Duchamp, était en fait un éminent théoricien, spécialiste de l'art chrétien médiéval et surnommé "le Champollion des cathédrales". Il est l’un des premiers à avoir compris le rôle des concepteurs, des artistes et des spectateurs dans l’œuvre d’art, quelle que soit leur époque, ce qui a remis en cause mes premières idées, me poussant à chercher plus loin, à universaliser mon propos. Ici, Mâle met en parallèle le langage et les arts, parlant de "grammaire" et de "style". Qu'est-ce que la grammaire d'une oeuvre, sinon sa forme, témoignage du savoir faire de l'artiste, sa capacité à recourir, à utiliser, à maîtriser certaines techniques? Toutes ces composantes forment la carcasse de l'oeuvre, au même titre que la grammaire demeure le squelette de la langue. Toutes deux permettent la construction d'une structure intelligible par le spectateur, ou l'interlocuteur. De même, en art (au sens large), le style est l'ensemble des caractéristiques qui définissent une époque, un artiste, un mouvement ou genre artistique. Ainsi, Emile Mâle nous suggère qu'au delà des aspects esthétiques d'une oeuvre, c'est son sens, le message qu'elle transmet, son esprit qui l'intéressent.
Ainsi, l’œuvre d’art possède t-elle un sens, celui que l’artiste a voulu transmettre, en tenant compte du fait que cette transmission peut aussi être volontairement dissimulée afin de ne toucher qu’un certain nombre d’initiés (cas de Léonard de Vinci).
L’artiste exprime quelque chose, il utilise ses compétences pour créer du sens ; mais du sens qu’il va falloir retrouver par un travail intellectuel, par une