Le circuit de l’ecture
Voici un florilège de réflexions pas très sympathiques concernant les copies : « un vrai torchon » , « écriture illisible », « on étouffe dans votre copie », « laissez des marges, de l'espace », « revenez à la ligne », « soignez l'orthographe » ... Et voici ce qu'aucun professeur ne vous dira, tant ce n'est pas politiquement correct : personne n'attend votre copie pour avoir une idée sur le sujet, pire que cela, personne n'a vraiment envie de vous lire, car corriger est un pensum, c'est l'enfer ou un cauchemar selon les cas, et en plus, c'est sans fin, tellement il y en a ... Alors, les correcteurs ont tendance à faire des tas, un premier tri en somme « à la gueule de la copie » : propre, lisible, agréable à lire, pas trop longue – c'est fou ce que cela rend dingue quand on découvre des copies avec plein d'intercalaires. Alors, de grâce, faites court, soyez concis, précis, évitez le blablabla, on ne corrige pas au poids, à l'épaisseur, ce serait même le contraire : plus c'est long, moins on a envie de lire – un peu comme les articles des magazines, et pourtant, eux, sont bien présentés, avec des titres, des intertitres, des accroches, des visuels, des circuits de lecture ... Mais s'ils sont trop longs, on décroche ou on lit en diagonale.
Tous les mots importent et ils renvoient tous au même constat : l'aspect visuel. Exprimé de façon plus directe et pragmatique : tous renvoient au B-A BA de la communication et de la publicité, c'est-à-dire à l'apparence, à l'accroche, au « look ». La présentation purement formelle est, en effet, le premier contact du correcteur avec la copie et ce qu'il y a à l'intérieur : le texte. Une présentation déplorable disqualifie la copie, provoque chez le correcteur de l'agacement et de l'ennui, ne l'incite pas à lire le texte, à faire preuve de compréhension et d'attention. Nombreux sont celles et ceux qui perçoivent même une copie mal écrite, sans espaces, sans circuits de lecture, comme un manque de