le désir suppose-t-il autrui ?
Introduction
Se demander si le désir suppose autrui, c’est se demander si autrui est la condition de possibilité de mon désir.
A priori, il semble qu’il n’y ait pas de désir sans objet. Autrement dit, il semble qu’aucun désir ne puisse exister sans autrui, sauf à penser un désir vide, qui tourne indéfiniment sur lui-même, un désir sans but. Mais que le désir n’ait pas de fin, n’est-ce pas là en réalité ce qui le définit ?
Car si le désir est la quête d’un objet que l’on se représente comme étant la source d’un plaisir, il est pourtant marqué par une ambivalence : s’il cherche le plaisir, il semble pourtant s’abolir en lui, et devoir se relancer, une fois le plaisir atteint, vers un autre objet. Définir le désir comme la quête d’un plaisir, c’est donc le définir comme un mouvement infini et souffrant, qui à la fois cherche et refuse sa satisfaction. Mais alors, qu’est-ce qui provoque le désir ? Étymologiquement, supposer signifie « placer dessous » : on nous demande donc ici si le désir a besoin d’autrui pour exister, c’est-à-dire si autrui est la cause nécessaire ou seulement occasionnelle du désir. Autrui, c’est celui qui me ressemble et diffère de moi : c’est mon alter ego, à la fois un autre moi et un autre que moi. Il est celui que j’envisage à partir de moi, et en me comparant à lui, mais il est aussi celui dont une distance radicale me sépare (je n’ai de ce fait qu’un accès médiat à son intériorité).
Le problème posé par le sujet réside donc dans la dissociation envisagée entre le désir et autrui. La problématique découle de ce problème central, puisqu’il s’agira de se demander en quoi l’existence de mon désir pourrait être conditionnée par celle d’autrui. Est-ce l’autre qui fait naître mon désir, et qui en est donc la cause nécessaire ? Inversement, est-il possible que mon désirpréexiste à l’autre, et ne trouve en lui qu’une occasion de se déployer ? Au fond, il s’agit de se demander si le désir peut être considéré