Le désir
INTRODUCTION : Le mot désir est issu du verbe latin desiderare. Tout comme le verbe considerare, il vient de sidus qui signifie étoile. Ces deux verbes appartenaient à l’origine à la langue des augures qu’inspirait l’observation du ciel étoilé. Considerare signifiait le fait de contempler un astre alors que Desiderare signifiait le regret de l’absence de cet astre. Ainsi, au sens étymologique, le désir c’est le regret d’un astre disparu, c’est la nostalgie d’une étoile. Cette étymologie souligne bien l’ambivalence du désir : d’un côté il est le constat douloureux d’une absence, d’un manque et de l’autre le pressentiment d’un bien susceptible de nous combler. Le désir implique une dynamique, renvoyant à un manque, d’importance, et que nous devrons tant bien que mal combler. Platon dans Le Banquet, nous éclaire grâce à un récit mythologique sur sa raison d’être et sa puissance (récit d’Aristophane) : au départ les hommes auraient été créés sous une forme sphérique –la forme idéale pour les grecs (cf. le cosmos , le cercle est jugé supérieur parce qu’il ne possède ni commencement ni fin.) Toutefois, comme les hommes tentèrent d’escalader le Ciel et se révoltèrent, Zeus devait les punir. Il les sectionna et lança dans le monde des « multimoitiés ». Chacune d’elles ne songe plus qu’à retrouver ce qui la complèterait (l’unité fusionnelle). Le désir amoureux vise à rétablir ce qui a été perdu.
PLATON :
Chaque homme était de forme ronde sur une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l'avenant. [...] Ils étaient aussi d'une force et d'une vigueur extraordinaire, et comme ils étaient d'un grand courage, ils attaquèrent les dieux et [...] tentèrent d'escalader le ciel [...] Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c'était mettre fin