Le futur n'existe-t-il que dans notre pensée?
Introduction
Le temps apparaît comme une intuition immédiate et continue de l’instant que l’on ne saurait saisir. Son irréversibilité et son impossibilité à l’arrêter en dehors de la mort se traduisent par un sentiment comme le regret par rapport au passé et une attente, une angoisse ou une réjouissance par rapport à l’avenir. Le futur prend alors la forme d’une représentation vers laquelle tend tout notre présent comme un moyen vers une fin. Est-ce à dire alors que le futur n’existe que dans notre pensée ? Comment concevoir l’existence de ce qui par définition « n’est pas encore » ? Cependant, si l’on réduit le temps à un état subjectif, on oublie qu’il fait l’objet de mesures scientifiques et que c’est grâce à lui que l’on peut prévoir le futur, qui aurait en ce sens une existence objective. Comment le futur peut en même temps être une donnée de la subjectivité et se présenter comme le support de la connaissance ? 1. Le futur, désignant ce qui n’est pas encore, n’existe que dans nos pensées
A. L’impossibilité de définir le temps, notamment le futur Le temps semble difficile à définir malgré l’apparente familiarité qui lui est associée. Pour Saint Augustin, le temps fait l’objet d’une évidence dont je ne peux rendre compte : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus », écrit-il dans ses Confessions. Comparons la situation de trois personnes qui attendent sur un quai de gare : une maman qui se réjouit de retrouver son enfant et pour qui le temps est long, l’endetté attendant son créancier et pour qui le temps est trop rapide, et le chef de gare pour qui le temps est régulier et exact. Le temps ne semble donc pas le même pour les trois individus. Est-il le fruit d’une illusion, une construction de l’esprit, subjectif ou au contraire objectif, mesurable