Le jeu de saint nicolas
Le Jeu de Saint Nicolas, première œuvre entièrement écrite en langue vulgaire des années 1200, fût la seule œuvre dramatique du trouvère arrageois Jean Bodel. Cette commande faite par la confrérie de Saint-Nicolas d’Arras, s’inscrit dans ce genre littéraire du Moyen-âge qu’est le Miracle. Mettant en scène le plus généralement la vie d’un saint, Jean Bodel fait intervenir ici Saint Nicolas. Aux Croisades, un croisé est fait prisonnier alors qu’il priait devant une statuette de St Nicolas. Il la déclare miraculeuse, empêchant notamment tout vols. Le Roi d’Afrique, musulman, tente alors l’expérience : laisser son trésor avec pour seule surveillance la statuette de Saint Nicolas. Mais le trésor est volé par trois brigands et le saint homme risque alors la mort pour avoir trompé le roi. Grace à sa prière et sa foi si ardente, il invoque le Saint Nicolas, qui apparaît aux voleurs et les persuade de restaurer le trésor. Le roi retrouver alors son trésor, sous la fameuse statuette, libère le croisé et se convertit au christianisme avec toute sa cour. C’est en octosyllabe que l’action s’écrit à travers trois lieux fondamentaux : le champ de bataille, la taverne et le palais, avec sa prison. De même, c’est en trois phases qu’est divisée l’œuvre : épique (avec la mort des chevaliers chrétiens), burlesque (avec la longue scène de taverne) et hagiographique (avec le miracle). C’est dans la partie hagiographique que se situe notre extrait : du vers 1184 au vers 1273. Au matin, dans le palais, le sénéchal et le roi découvrent que le trésor censé être protégé par la statue de bois a été dérobé. Le roi ordonne alors à Durand de torturer jusqu’à ce que mort s’en suive le fautif : le Preudome. Mais celui-ci réclame un jour de répit, pour laisser le temps au Saint d’intervenir. Durant la nuit et le lendemain, le prisonnier a prié, invoquant Saint Nicolas pour le secourir. Rassuré par l’Ange, qui lui rappelle l’importance de sa prière, le saint homme grâce à sa grande