On a souvent tendance à s'imaginer que le reporter est un homme très actif qui n'arrête pas de courir après l'actualité. Mais sa vie professionnelle est ponctuée de nombreux temps morts. On pense aussi que le reporter décide seul de la construction du reportage : il n'en est rien, il obéit aux volontés des supérieurs, en particulier sur l'angle à adopter au sujet d'une information. Le journal télévisé est le medium le plus « consommé » par la population avec internet. Mais derrière les images qui parlent un peu trop d'elles-mêmes et le ton posé du présentateur, l'objectivité des informations n'est pas forcément respectée. L'ouvrage que je m'apprête à présenter lève le voile sur le JT.

Ce livre est un ouvrage de sociologie du travail sur les reporters à la télévision écrit par Jacques Siracusa, professeur universitaire et chercheur français. Les méthodes utilisées pour cette étude sont diverses : il s'appuie sur la littérature sur le sujet dont une large part est anglo-saxonne, puis il enquête. Il fouille les archives de l'INA puis a aussi réalisé une cinquantaine d'interviews avec des professionnels de la télévision et a surtout effectué une centaine de journées d'observation non-participante dans des rédactions nationales et régionales. Enfin, il a participé à des formations de Journalistes Reporters d'Images (JRI). On peut donc considerer comme très importante l'implication, la présence du chercheur dans les coulisses de l'organisation des JT. Que ce soit dans les rédactions nationales ou régionales, le statut de l'auteur était à chaque fois simple stagiaire, ce qui lui valut un certain désintérêt de la part des acteurs de la rédaction. Il s'est souvent senti de « trop » dans les bureaux et n'a pas vraiment réussi à établir de bons contacts avec les travailleurs, en particulier avec les rédacteurs. En effet, pour les étapes de montage, « particulièrement favorable à l'observation », le sociologue s'est donc présenté comme stagiaire au montage, c'est-à-dire «