Le libertarisme
Chapitre 4
Le Libertarisme1
1 Le contenu de ce chapitre reprend pour l'essentiel Arnsperger (2001), Entre impartialité, horizons de sens et précarité existentielle, les fondements de l'éthique économique et sociale in Arnsperger C., Larrère C., Ladrière J., Trois essais sur l'éthique économique et sociale. INRA Editions, Coll. Sciences en Questions.
13/10/09 2
INTRODUCTION L’utilitarisme comme « arithmétique morale » apparaît donc frustre mais surtout sacrificiel. L’instrumentalisation des individus au service d’un objectif collectif ne serait donc pas systématiquement efficiente, ni d'un point de vue individuel, ni d’un point de vue social ; elle peut porter atteinte en outre aux droits des individus. Tel est le point de départ des courants éthiques libéraux dont nous étudions dans ce chapitre un premier exemple : le libertarisme2 ou approche libertarienne qui s'inspire de la pensée libérale classique de John Locke3 ou encore des écrits philosophiques de Friedrich von Hayek. Le libertarisme ne s'est constitué en véritable alternative à l'utilitarisme qu'au début des années 1970, sous l'impulsion de philosophes et économistes nord-américains tels que Robert Nozick.
DEFINITION Si l'on se réfère de nouveau à la visée normative de l'éthique économique et sociale qu'est le respect impartial vis à vis de chacun des membres de la société, le libertarisme consiste à affirmer le respect en tant que dignité [cf encart 2] et l’impartialité comme affirmation de l’égale dignité de tous. Cette notion de dignité humaine, dans son acception libertaire, serait une donnée « naturelle » qui n'a à se soumettre en aucune manière à une délibération collective et raisonnable. Pour le libertaire, la dignité humaine repose avant tout sur le droit de propriété vu non seulement comme un droit naturel mais plus encore comme une donnée ontologique. Il s'agit d'une dignité "propriétariste" ; chaque individu a la pleine propriété sur son corps, ses talents, sa