Le lion et le moucheron
Les Fables de Jean de La Fontaine ont été publiées de 1668 à 1693, en deux recueils. Le XVII° siècle est celui du classicisme où la fable est une des formes privilégiée. Le classicisme revendique l'usage d'un style simple et naturel. C’est dans le premier recueil qui contient les six premiers livres que l’on trouve les textes les plus connus du fabuliste. L’inspiration a encore une fois été apportée à La Fontaine par Esope (« Le Cousin et le Lion »). Une version différente sera écrite par Achille Tatios. Cette fable, située en neuvième position dans le Livre II, fait partie des premières fables de La Fontaine, où l’écrivain laissait encore une totale fantaisie à son imagination en teintant d’humour tous ses petits récits. C’est le cas ici dans cette fable qui nous narre le combat burlesque d’un moucheron et d’un lion, dont tous les deux mourront. Il s’agira de voir en quoi cette fable oscille entre réalisme et burlesque.
I) Des animaux humanisés
Convention littéraire de la fable : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » (La Fontaine). Les animaux sont dotés de la parole et de la pensée humaine, c’est donc une personnification et un élément du registre merveilleux. Le lecteur oscille en permanence dans la fable entre traits d’animalité et traits d’humanité.
1. Portrait physique des personnages
Deux personnages sont présents : le Lion et le Moucheron (personnages éponymes). Deux animaux présentés par quelques caractéristiques physiologiques :
Le Lion : son animalité est rendue par des termes comme « quadrupède » (v.15), « museau » (v.20), « griffe, dent » (v.24)… termes qui soulignent un animal de la terre, un animal doté d’une force physique impressionnante et possédant une violence potentielle.
Le Moucheron : son animalité se dessine dans les termes explicites comme « insecte » (v.1, v.30)… termes qui soulignent la petite taille (moucheron = petite mouche), la faible constitution.