Le loup et le coq
Un brave loup dont les forces venaient à manquer, avait bien roulé sa bosse depuis qu’il était gosse.
Il avait appris à savoir attendre, à calmer l’impétuosité de ses désirs, à savoir mûrir ses décisions, à poser le pour et le contre.
Il avait lui aussi commis des erreurs dans l’impulsivité de sa jeunesse et avait su en retirer des leçons utiles pour l’avenir.
Il était solitaire et sage, calme et réfléchi, discret, patient.
Un jeune coq à regard vif, à la crête rougeoyante et dressée, la queue en panache, s’égosillait tous les matins à en perdre halène.
Il avait toute la fougue de la jeunesse et toute sa vigueur.
Rien ne semblait l’épuiser, tant ses forces étaient nouvelles. Il brulait de désir et n’écoutait que cela.
Il n’agissait que par fureur de vivre et par volonté de paraitre sans se soucier des conséquences.
Le jeune écervelé chantait à tue-tête à une heure tapante à la vieille horloge du poulailler.
Le loup de son coté était réticent à sortir à ces heures matinales à cause du danger qu’il encourait, écoutant plus son expérience que son courage.
Le loup ayant sagement patienté jusqu’au passage de l’heure d’été, le jeune coq n’y ayant pas même songé se vit pris au piège ou presque.
Le loup se précipita sur sa proie avant de succomber brutalement, à bout de souffle à ses pieds.
Ah … si jeunesse savait, si vieillesse pouvait