Dans ce texte de Montesquieu De l'Esprit des lois s'attache une dénonciation d'une atteinte à l'humanité. « De l'esclavage des nègres » est le texte célèbre dans lequel ce fondateur des sciences politiques dénonce les abus commis dans les colonies. Cette dénonciation s'appuie sur de nombreux éléments. Pour les étudier, nous allons examiner d'abord les caractéristiques de l'esclavage selon
Montesquieu, puis son recours à l'ironie.
Tout d'abord, Montesquieu appuie cette dénonciation de l'esclavages sur des caractéristiques bien particulières. Il apparaît en premier lieu comme une obligation. En effet, comme nous pouvons l'observer, Montesquieu fait usage de formes verbales telles que « ils ont du » l.3, « il est presque impossible » l.8, « On ne peut » l.9, « il est si naturel » l.11, « On peut juger » l.15, « une preuve »
l.19 ou bien encore « Il est impossible » l.22. La récurrence de ces formes d'obligation au début de chaque nouvel argument énoncé fait ressortir la dimension assujettissante de l'esclavage.
Montesquieu fait également beaucoup usage de liens logiques au travers de systèmes hypothétiques où la réalisation d'un fait énoncé dépend d'un second. Voyons par exemple la phrase : « Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique » l.23 ; ou bien encore « Si nous supposions [les noirs] des hommes, on commencerai à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. » l. 23-24. Ce procédé nous montre que les partisans de l'esclavage appuient leur conviction sur des raisonnements en apparence logiques et raisonnés.
Montesquieu nous montre d'ailleurs aussi que ces mêmes partisans de l'esclavage ont recours à la religion, à l'économie et à la physiologie, soit des domaines très généraux et d'une valeur universelle, pour justifier cette pratique. Ainsi ce serait l'esclavage qui permettrait aux Européens d'avoir du sucre à bas prix, le physique ingrats des noirs ne leur permettrait pas