*Qu'appelle-t-on " poésie lyrique " ? Une oeuvre* destinée à être accompagnée d'une lyre ? Une forme subjective et personnelle où les sentiments intimes du poète *sont* exacerbés ? De l'Antiquité jusqu'à nos jours, la poésie lyrique a recouvert des réalités différentes : la musicalité, peu à peu prise en charge par les mots, a été reléguée au second plan par l'expression d'un moi omniprésent, elle-même sévèrement critiquée après l'âge romantique. Une certitude : le lyrisme est bien vivant aujourd'hui, il constitue même l'une des tendances les plus importantes de la production poétique contemporaine... ANDRE GIDE « Je crois volontiers qu'on n'est artiste qu'à condition de dominer l'état lyrique ; mais il importe, pour le dominer, de l'avoir éprouvé d'abord » La lyre désigne l'instrument à cordes accompagnant la poésie chantée dans l'Antiquité. La lyre est l'instrument de musique d'APOLLON et d'ORPHEE, symbole des poètes. Les sept cordes de la lyre correspondraient aux sept planètes visibles et l'instrument exprimerait l'harmonie cosmique. Faire vibrer la lyre, c'est faire vibrer le monde. l est bon de se souvenir de cette origine chantée de la poésie, qui dura jusqu'à la fin du Moyen Âge où troubadours (langue d'oc) développèrent la poésie courtoise accompagnée de musique. Même si à partir du XVIe siècle et en raison de l'invention de l'imprimerie qui a permis la diffusion des textes et le développement de la lecture solitaire et silencieuse, la très grande majorité des poèmes ne furent plus écrits pour être chantés, ni même accompagnés de musique, le sens musical de l'adjectif "lyrique" s'est longtemps conservé. On verra ainsi que par la forte présence de la première personne et le jeu des adresses, le lyrisme conserve les traces de son oralité première et semble chercher à donner l'illusion de la présence physique du locuteur comme jadis du poète troubadour. *Cependant, au cours du XVIIIe siècle, le terme de lyrique change de sens, par métonymie en