Le mal et le bien
Le philosophe Ludwig Wittgenstein a écrit « L'éthique, si éthique il y a, est surnaturelle... »(2). En d'autres termes, pour qu'il existe des absolus moraux, il faut que les hommes les tiennent d'une réalité transcendant l'humanité. L'éthicien athée Richard Taylor l'exprime en ces termes : « dire que quelque chose est mal parce que (...) Dieu l'interdit est (...) parfaitement compréhensible pour quiconque croit en un Dieu qui dicte sa loi. Mais dire que quelque chose est mal (...) même si aucun Dieu n'existe pour l'interdire, c'est incompréhensible (...) » et plus loin « Le concept d'obligation morale (est) impossible à saisir sans celui de Dieu. Les paroles demeurent, mais elles ont perdu leur sens »(3).
Attention, je ne dis pas qu'il est impossible à l'athée d'être moral ; mais je dis que si Dieu n'existe pas, il n'y a pas de principes moraux obligatoires. Quelqu'un qui ne croit pas en Dieu peut tout à fait faire le bien, aimer ses enfants... Ce n'est pas l'absence de croyance en Dieu dont nous parlons là, mais de l'absence de Dieu. Si Dieu n'existe pas, alors l'athée qui prône le respect de l'être humain et qui s'attend à ce que cette valeur soit partagée par tous n'a aucune base pour le faire. Il est bon qu'il le fasse mais penser que cette valeur devrait être partagée avec d'autres n'est pas cohérent avec son athéisme. Au nom de quoi peut-il justifier ses valeurs ?
En conclusion, revenons à ce que nous notions plus haut : que l'on soit croyant ou non, notre capacité à ressentir comme injustes non seulement les torts qui nous sont faits mais aussi ceux qui sont faits à autrui, témoigne de notre adhésion (parfois inconsciente) à certaines valeurs de base. Et pour ces quelques valeurs-là, par nos réactions, il apparaît que nous croyons qu'elles devraient