Le mal et le pouvoir

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On ne compte plus les crimes fait pour ou par le pouvoir. C’est pourquoi il n’est pas absurde de penser qu’il est intrinsèquement mauvais. Pourtant, le philosophe Alain dans un de ses Propos de politique écrivait :

« Tout pouvoir est méchant dès qu’on le laisse faire ; tout pouvoir est sage dès qu’il se sent jugé. »

Alain veut dire que la méchanceté du pouvoir dépend des gouvernés. C’est leur passivité qui lui permet de s’exercer contre eux. C’est en ce sens qu’il peut être méchant. À l’inverse, si le pouvoir comprend que les gouvernés le jugent, le pouvoir, de méchant devient sage. La méchanceté s’oppose donc pour lui à la sagesse, c’est-à-dire à une forme de savoir qui a le bien pour objet. En matière politique, il s’agit de ce qui est bien pour les gouvernés. Bref, il dépend d’eux d’être bien gouvernés.

Or, Alain présuppose qu’il y a unanimité des gouvernés. Or, des gouvernants peuvent utilisés certains gouvernés contre d’autres. Que ces derniers les jugent ne leur posera aucun problème s’il établit un rapport de force qui lui est favorable. Toutefois la hantise de tous les gouvernements tyranniques devant la presse montre la force du jugement.

Aussi peut-on se demander s’il suffit que le pouvoir se sente jugé pour qu’il soit sage.

On se demandera d’abord si le pouvoir ne peut pas contourner le jugement en produisant des illusions sur lui, puis en quoi le jugement permet de le limiter et enfin si la lutte réelle n’est pas nécessaire pour le rendre sage.

On s’appuiera notamment sur la première partie de la « Profession du vicaire savoyard » du livre IV de l’Émile ou de l’éducation de Rousseau, sur une tragédie de Shakespeare, Macbeth et sur un roman de Jean Giono, Les Âmes fortes.

Que le pouvoir se sente jugé ne suffit peut-être pas pour le rendre sage car il peut et même il lui appartient intrinsèquement de s’exercer pour ceux qui le possèdent en produisant l’illusion de le faire pour les autres. Et c’est en ce sens que le

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