Le mariage de figaro
Beaumarchais, en effet, "libère la parole du valet" dans son œuvre.
1) Libérer la parole, donner la parole. Chez Molière, les valets avaient déjà la parole, mais celle-ci n'était pas libre. Personne n'imagine Scapin ou Sganarelle disant à leurs maîtres "vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus" . Chez Molière, les valets n'osent critiquer leurs maîtres que lorsque ceux-ci sont ridicules. Figaro, en revanche, parle plus librement : il s'adresse parfois à son maître comme à un "homme assez ordinaire" (c'est le propre de l'esprit des Lumières de voir d'abord l'homme et ensuite le rang).
2) Figaro parle ouvertement de sa vie et exprime ses revendications face à un public qui n'a pas l'habitude d'écouter les serviteurs. Beaumarchais lui accorde le plus long monologue de la pièce dans l'acte V, sène 3. Il y évoque successivement ses sentiments et son expérience personnelle. Dans ce passage, l'écrivain a fait du valet son porte parole. Cette identification explique sans doute la liberté de ton de Figaro. Le thème de la liberté d'expression est d'ailleurs essentiel dans ce monologue.
3) Figaro ne se soumet pas toujours au comte, il s'adresse parfois à lui sans contrainte : dans l'acte V scène 2, il lui reproche son comportement : "Vous commandez à tous ici, hors à vous-même ". Le valet se permet de juger son maître, ce qui est à éviter en principe!
4) Les valets vont jusqu'à critiquer leurs maîtres :
- Suzanne critique le libertinage et la malhonnêteté du comte,
- Figaro lui reproche de manière spirituelle son absence de mérite : " Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! " (acte V, scène 3). Il s'attaque donc aux privilèges de la noblesse.
5) Toutefois, cette liberté de ton a des limites : Il n'y a pas d'égalité. Ni Suzanne, ni Figaro ne sont familiers envers leurs maîtres. Ils les vouvoient toujours, et les nomment " Monseigneur "ou " Madame ". Le seul moment où Figaro se