Le merveilleux chez chrétien de troye
Chrétien de Troie, auteur du XIIe siècle, écrit 5 romans, dont Le Conte du Graal, que nous allons étudier pour notre analyse. Dans ses romans et plus particulièrement dans celui-ci, Chrétien atténue le merveilleux, le rationalisant par moments, ou laissant transparaître un doute ironique. La véritable merveille reste, pour l'auteur, humaine: de l'ordre de la beauté, de la prouesse, ou même de l'amour. Si on s'intéresse à l'étymon du mot merveille (mirabilia: "choses admirables"), on remarque que cela justifie l'idée que merveilleux est utilisé parce qu'il permet d'éprouver et de démontrer la valeur du chevalier. Mais on ne peut définir le merveilleux, pour l'époque, comme une cohérence parfaite installée entre le personnage et l'univers dans lequel il évolue, proposant ainsi au lecteur un monde féerique où rien ne doit l'étonner, parce que l'esthétique est différente. En 1180, le merveilleux est en fait tout ce qui surprend, qui ne comprend pas d'explication rationnelle. On peut, ainsi, distinguer, dans la littérature médiévale, trois types de merveilleux: le merveilleux non chrétien (et notamment féerique), le merveilleux chrétien (le miraculeux) et le merveilleux diabolique. C'est le merveilleux non chrétien qui caractérise avant tout le genre du roman arthurien. Le merveilleux chrétien, quant à lui, qui n'apparaît vraiment que dans ce dernier roman de Chrétien, sera surtout développé par les auteurs des Continuations, qui succèderont à notre auteur; ils y introduiront également un merveilleux diabolique. Mais en quoi le Conte du Graal est-il merveilleux?
1) **Merveille et Merveilleux celtique**
A) La merveille, un terme polysémique
Wace, dans son Roman de Brut, avait évoqué les merveilles et les aventures qui avaient eu lieu durant les 12 années de paix du règne d'Arthur. Le roman arthurien, qui s'inscrit dans cet intervalle de temps, se construit en effet autour des merveilles que le