Le monde du travail peut-il être juste ?
Le mot travail et toutes ses traductions sont liés à la technique. Les origines latines et grecques donnent les mots tripalium, ars, tekné, ils renvoient à deux acceptions différentes du travail. Le travail peut être créations et inventions (ars) ou douleur (tripalium, labor) mais peut aussi être les deux. C’est ainsi que l’on percevait les choses, Aristote dira de l’esclave qui n’est pour lui qu’un « outil animé », en effet dans la mesure où l’homme est en un certain sens un moyen au service d’une activité, il est aisé et parfois même tentant de le réduire à cette dimension d’objet se limitant à sa fonction utilitaire. La justice, avant d'être une institution humaine, est avant tout un sentiment intuitif. Tout le monde à un jour ou l'autre protesté face à une décision provenant d'une autorité (parents, professeurs, patrons etc.): « ce n'est pas juste ! ». Le sens du juste apparaît donc comme évident, mais comment le définir ? La notion de droit, elle aussi, pose problème. Dans un sens juridique, elle désigne l'ensemble des lois existantes dans une société donnée. Mais cette notion appelle également les libertés fondamentales de tout être humain, indépendamment de la société donnée : »la liberté des uns s’arrête là où commence celle de autres » (John Stuart Mill) .Il est donc logique de se demander si le monde du travail peut être juste ? Pour y répondre je pense qu’il faut premièrement s’intéresser à l’aspect éthique du travail car la notion de justice se basé sur l’éthique. Et deuxièmement l’application pratique de la justice supposé exister.
I. Le travail, une éthique unique
Pour Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne : « Dire que le travail et l’artisanat étaient méprisés dans l’antiquité parce qu’ils étaient réservés aux esclaves, c’est un préjugé des historiens modernes. Les anciens faisaient le raisonnement inverse : ils jugeaient qu’il fallait avoir des esclaves à cause de la nature