LE MONDE PAYSAN DE 1914 A NOS JOURS

Au XVIIIème siècle, le paysan est l’habitant de la campagne. Au XIXème siècle, le terme garde le même sens, mais s’y ajoute une connotation péjorative, car le mot est alors synonyme de grossier. Au début du XX ième siècle, le mot est réhabilité. De 1914 à nos jours, le statut du paysan sur le point de vue social, économique, et politique, a connu d’importantes modifications qui permettent d’affirmer que le monde paysan du XX ème siècle n’a plus rien à voir avec celui des siècles précédents.
Nous chercherons à rendre compte de cette évolution afin d’être capable de déterminer si il existe encore une paysannerie de nos jours.
Dans un premier temps, nous montrerons que les deux conflits mondiaux et la crise des années 1930 font prendre progressivement conscience aux paysans de l’écart qui les sépare du reste de la société. Puis nous verrons qu’à partir des années 1950, la paysannerie est confrontée à une très grande mutation, qui en vient à remettre en cause son existence.

I. L’évolution de la position économique, sociale , et politique des paysans de la première guerre mondiale aux années 1950

A. La Première guerre mondiale fait prendre conscience aux paysans de la dureté de leur condition -ordre de mobilisation générale atteint les campagnes le 2 août 1914. Dès le début de la guerre, plus du tiers des actifs sont enlevés à l’agriculture. Les paysans fournissent le plus fort contingent des mobilisés :la moitié de la population agricole masculine, soit 3,7 millions d’hommes, a participé au conflit. L’Office national de la main d’œuvre agricole est crée pour faire venir des immigrants: 150 000 ouvriers agricoles étrangers sont embauchés pendant la guerre. Mais de manière générale, les mesures sont limitées car le gouvernement compte sur la capacité des exploitations familiales à s’adapter à la situation. Les femmes, les enfants, les hommes normalement trop âgés remplacent ceux qui sont au front-> plus du tiers