Le pardon est-il mort ?
Le pardon est mort dans les camps de la mort, L’imprescriptible, texte de 1971 est publié pour maintenir jusqu’à la fin des temps le deuil des victimes de la barbarie nazie. Ce texte est une réaction à un projet de 1965 concernant la prescription des crimes de guerre. Ce projet tient à une dimension juridique qui vise à prescrire tous les crimes et délits, passé le délai de vingt années. Le texte nous interroge sur une double dimension, l’une juridique, l’autre morale : Juridique : le crime contre l’humanité est-il un crime comme les autres ? Morale : comment ce qui est impardonnable peut, après vingt ans, devenir pardonnable ? La thèse développée par l’auteur est qu’un tel crime est impardonnable, imprescriptible « Lorsqu’un acte nie l’essence de l’homme en tant qu’homme, la prescription qui tendrait à l’absoudre au nom de la morale, contredit elle-même la morale » Le délai de prescription de 20 ans est posé par le droit au nom de la morale. Un individu doit pouvoir être pardonné de ses agissements dès lors qu’il a payé sa dette à la société. Selon Jankélévitch, ce principe est acceptable lorsqu’il s’agit de droit commun mais ne l’est plus du tout en cas de crime contre l’humanité. C’est pourquoi, « la prescription au nom de la morale contredit la morale ». C’est ce qui est confirmé par une seconde thèse « oublier ce crime gigantesque contre l’humanité serait un nouveau crime contre le genre humain » ces deux thèses apportent les réponses aux questions soulevées : Le crime contre l’humanité n’est pas un crime comme les autres. L’impardonnable est et doit demeurer éternellement tel. L’objectif de l’auteur est d’apporter les arguments qui confirment cette prise de position, c’est pourquoi il use d’arguments dont l’intensité va crescendo. 1. Des arguments juridiques. 2. Des arguments ontologiques. 3. Des arguments de la temporalité.
I. LES ARGUMENTS