Le pardon
C’est l’acte de pardonner ainsi que son résultat : la libération d’un fautif enfermé dans les conséquences de sa faute et celle d’une victime enfermée dans son ressentiment.
Le refus de pardonner n’est à contrario qu’enfermement.
Pardonner exige qu’au moins un des protagonistes regarde la vérité en face et en tire quelque chose de précieux. En cela, le pardon ouvre un avenir car il permet de revenir vers l’Autre.
En effet, pour pardonner, il faut d’abord s’entendre des deux côtés sur la nature de la faute, savoir qui est coupable, de quel mal et envers qui ; cela suppose un difficile travail pour comprendre la réalité du mal qui a été fait et accepter la réconciliation qui en résulte.
Le pardon n’enlève pas le caractère blâmable de l’offense, c’est pourquoi pardonner lorsqu’on a eu trop mal peut parfois être humainement impossible.
Parce qu’aucune relation d’amour n’est exempte de blessures, La Rochefoucauld écrivait « on pardonne tant qu’on aime ».
Le pardon est une action plus noble et plus exceptionnelle que la vengeance. Car se venger d’une offense, c’est se mettre au niveau de l’offenseur, alors que pardonner, c’est se mettre au-dessus de lui.
Il existe aussi une autre forme de pardon à caractère plutôt « juridique », que l’on confond souvent avec l’excuse, le regret, l’amnistie et qui relève du droit pénal. Cette forme de pardon reste cependant incomparable au concept du pardon tel qu’il nous est parvenu par l’héritage « Abrahamique » dirons-nous, pour y rassembler le judaïsme, le christianisme et l’islam.
En effet, les scènes de repentir, d’aveu, d’excuses et de pardon se multiplient sur la scène géopolitique.
Depuis notamment la 2de Guerre Mondiale, les responsables politiques ont régulièrement tenu le langage de la réconciliation par l’amnistie et du pardon collectif.
Mais derrière ce geste généreux il y a toujours un calcul stratégique qui sert la restauration ou le maintien de l’unité nationale, qui sous-entend des