Le pavé mosaïque
V :. et vous tous mes F :. ici présents en vos grades et qualités
Le pavé mosaïque
Je suis apprenti, je me tais souvent, je vous écoute, et vous regarde.
Placé au septentrion regardant la lumière du sud, je suis ébloui.
Souvent, inclinant la tête je contemple le pavé mosaïque, je le détaille et m’y perds, je le fouille, il m’envoûte, je le scrute, il me rejette, je cherche son rythme, sa syncope alternée, il m’assène ses diagonales de couleur univoque, j’aimerais me reposer sur sa symétrie il me la refuse...
Regardez-le, 9 sur 15, pas d’axe hors d’un bout de lui même, pas de diagonales franches, une féerie en trompe-l'œil, et si l’on compte… un nombre impair de pavés, il faut donc une victoire aux blancs ou aux noirs.
Je le regarde, je vous écoute, j’écoute la distance qui nous sépare sur le chemin de la lumière.
Je suis assez fait pour avoir quelques forfanteries, quelques certitudes déraisonnables, je les pose sur le pavé, obligé à choisir, obligé à l’humilité de sa vision sans concession.
Je compte et je recompte, je détaille, je passe du blanc au noir puis au blanc, j’escalade le contraste, je pose les grains de riz sur les cases juxtaposées, je perds mon royaume, je vis, je passe du jour à la nuit d’une rive à l’autre, rien ne m’est indifférent puisque tout est contrasté…
L’indifférence ce sont les ténèbres tout le temps ou la lumière tout le temps,
c’est être partout comme ailleurs, être sois comme un autre, être au sacré comme au profane…
Le pavé est mosaïque, car c’est cette forme d’art qui décorait les grottes des muses, le pavé ne doit rien à Moïse qui a formé l’adjectif mosaïque pour les lois qu’il a données à son peuple.
Paver, le verbe, c’est d’abord battre la terre, pour avoir un endroit qui se distingue du sauvage, un endroit plan, sans vulgaire, un endroit pour