Le plaisir de la tragédie
Cependant , la tragédie ne peut pas se laisser réduire à sa dimension esthétique . Quelle spectatrice ne peut s'identifier de manière plus ou moins consciente à Andromaque , écrasée par le chantage que Pyrrhus exerce sur elle , lorsqu'elle s'exclame de manière extrêmement pathétique : " Non , non , j'ai beau pleurer , sa mort est résolue , … " , ou alors implorant son bourreau , " Si vous livrez le fils , livrez donc la mère . "
On peut parler de catharsis , Aristote appelle procédé cathartique la purification de ses passions que le spectateur ressent en s'identifiant au personnage tragique .
En outre , la tragédie , par son dénouement généralement malheureux , invite le lecteur ou le spectateur à réfléchir sur le sentiment tragique de la vie . Nous prenons conscience de notre fragilité et de la fatalité de notre destin . Quand le personnage tragique s'écrie à la face des dieux courroucés " Et je me livre en aveugle au destin qui m'entraine " , nous ressentons tous que la condition humaine est éminemment tragique.
Mais la plus grande force de la tragédie , c'est peut-être sa grande plasticité , la tragédie peut en effet se décliner sous une multitude de versions . Le cinématographe a repris avec un certain bonheur , Hamlet , par exemple . Le " Prince du Danemark " a été magistralement interprété par Sir Laurence Olivier . On connait aussi la version médiévale de Mel Gibson . Le très shakespearien Kenneth Branagh campe un Hamlet fougueux , tragique et tourmenté dans un