Le projet de hume
A la suite de Locke et des Lumières anglo-saxonnes (de ce scepticisme constructif dont Newton est emblématique), Hume remet en cause les capacités de la raison dans le domaine de la connaissance. Dès lors, répondre à la question « comment connaissons-nous ? » engage un projet résolument novateur. Hume écrit ainsi à John Arbuthnot que, s’il s’est jeté dans la philosophie dès l’âge de 18 ans avec enthousiasme, c’était dans le but d’inaugurer un nouveau genre de philosophie, « a new scene of thought ».
Il y a, en effet, nécessité de remédier à l’état déplorable des sciences dont il dresse le tableau au début du Treatise Of Human Nature (et qui n’est pas sans rappeler le « Kampfplatz der Metaphysik » dont parlera Kant dans la Critique de la Raison Pure). Certes, comme le remarque Hume, il est facile de critiquer ce qui a été fait avant pour faire valoir son travail, mais ce tableau de la confusion qui règne dans les sciences morales n’est pas ici un artifice purement rhétorique ; il illustre et appelle l’attention sur la nécessité d’une révolution méthodologique capable de produire une véritable philosophie morale.
En effet, contrairement à la philosophie naturelle, qui grâce à Newton a réussi à établir des lois reconnues par tous, cet autre genre de philosophie qu’est la philosophie morale (ce qu’aujourd’hui nous appelons philosophie) n’est qu’un lieu de tumulte et de dispute, où seule la rhétorique vaut et où
Le peu d’espoir de parvenir à la vérité en philosophie morale en détourne les hommes. Pourquoi cette faiblesse de la philosophie morale par rapport à la philosophie naturelle ? Ne peut-on espérer parvenir aux mêmes progrès dans ce genre de philosophie ? C’est le défi que Newton lance en 1704 à la fin de son Optique et que Hume tâche de relever. Il s’agit d’appliquer la même méthode qui a si bien réussi en philosophie naturelle à la philosophie morale.
Si Hume peut relever le défi newtonien, c’est bien parce qu’il considère la