Le roman du début du 20e siècle
1. La remise en cause du roman traditionnel
À la fin du 19e siècle, les critiques à l’encontre du réalisme et du naturalisme trouvaient un écho auprès des auteurs symbolistes. Celles-ci se prolongent au 20e siècle, avec l’intérêt de plus en plus affirmé pour la vie intérieure, la découverte de l’inconscient et la remise en cause du personnage traditionnel.
a) L’œuvre de Proust ou la primauté donnée à la vie intérieure
Marcel Proust s’intéresse dans les sept volumes de La Recherche (publiés entre 1913 et 1927) aux mécanismes complexes de la mémoire sensitive qui permet de faire resurgir des pans entiers d’un passé enseveli. Ainsi, la saveur d’une madeleine trempée par hasard dans du thé fait retrouver au narrateur toute son enfance.
b) La critique du réalisme par les surréalistes
Les surréalistes vont encore plus loin dans l’exploration de l’intériorité. La découverte de l’inconscient, grâce aux travaux de Freud et aux débuts de la psychanalyse, met en effet en évidence la toute puissance du rêve et contribue à déstabiliser les ressorts traditionnels du personnage romanesque. Ainsi, Breton met en scène dans Nadja (1928), une héroïne qui agit sous l’effet d’un sommeil hypnotique.
c) La remise en question du roman traditionnel par le Nouveau Roman
Nathalie Sarraute remet en cause les fondements du roman réaliste en refusant de peindre des personnages et d'élaborer une intrigue traditionnelle. Elle rompt ainsi avec le roman du 19e siècle et ouvre « l’ère du soupçon » (titre d’un essai publié en 1956). Elle préfère s’intéresser aux soubresauts de la conscience (les tropismes) qui fondent notre sensibilité, qu'à l'analyse de la psychologie.
Les réflexions des écrivains sur le roman donnent lieu à de nombreuses mises en abyme dont la plus emblématique est sans doute celle de Gide dans Les Faux- Monnayeurs