Le romancier peut-il exprimer son point de vue sur la société par le récit de la vie amoureuse de personnages fictifs ?
Les romans d'amour qui sont adaptés au cinéma sont nombreux: ce qui crée un effet produit sur le lecteur ou spectateur, l’ air de déjà-vu favorise la connivence. Il n'est d'ailleurs pas rare que les adaptations changent le contexte de l'intrigue amoureuse comme si celui-ci était secondaire, comme si le romancier ne parlait pas de la société mais mettait en scène des types universels. En imaginant des histoires d'amour, le romancier peut-il exprimer sa vision du monde ou est-il prisonnier d'un genre trop codifier pour une expression individuelle ? Nous verrons d'abord comment les intrigues amoureuses peuvent exprimer un point de vue explicite sur la société, avant de montrer que le romancier peine toutefois à s'exprimer librement dans un genre codé. Enfin, nous analyserons comment, grâce à la contrainte, le romancier peut formuler son discours sur le monde.
On constate tout d'abord que certains romans qui mettent en scène des aventures amoureuses sont l'occasion pour le romancier d'exprimer son point de vue sur la société. Les intrigues amoureuses s'inscrivent dans un contexte particulier. Le romancier situe son histoire dans un lieu, une époque ou un milieu qu'il décrit avec précision. Il fait une description subjective ,qui a rapport au sujet et qui lui permet de dévoiler sa vision de la société. Ainsi, dans La Curée,de Zola, Renée et Maxime ont une liaison quasi incestueuse,ils ont une même origine et des lois communes, le jeune homme étant le fils de Saccard, mari de Renée. Cette liaison s'inscrit dans la peinture de la décadence de l'Empire par Zola. Leur amour s'explique par la dépravation morale c’est-à-dire un pari qui va dégénré et qui« se mettait à table et rêvait gaudriole au dessert » et toute leur histoire sert à la critique de l'Empire, rendu coupable de cette relation contre nature : « Dans le monde affolé