Le récif de corail
Poète d'origine cubaine, José Maria de Hérédia appartient en France au mouvement littéraire appelé Parnasse. Ce mouvement apparaît dans la deuxième moitié du XIXe siècle et promet de faire remonter l'art poétique sur le Parnasse (mont où vivaient les dieux dans la mythologie grecque) d'où Lamartine (poète romantique) l'avait fait descendre. Ce mouvement a pour doctrine l'art pour l'art, la recherche du beau et travaille la poésie comme une oeuvre esthétique pure. La poésie parnassienne ne répond donc à aucun engagement, à aucune utilité et rejette l'expression du moi comme le faisaient les romantiques.
Ce poème issu du recueil Les Trophées, illustre tout à fait bien les théories poétiques de l'esthétique parnassienne. De même, les modalités de la description poétique de la vie sous-marine sont à envisager.
I- L'esthétique parnassienne
Ce poème s'inscrit dans l'esthétique parnassienne, dont Hérédia est l'un des plus grands représentants. Au niveau de la forme poétique, du sujet, comme des recherches esthétiques, elle illustre totalement les théories de « l'art pour l'art » énoncées par Théophile Gauthier.
1- Le sonnet.
La forme utilisée pour la description de la mer des Antilles est la forme poétique la plus contraignante: le sonnet. D'origine italienne, le sonnet est une forme fixe (ABBA – ABBA- CCD- EED) qui implique l'usage de l'alexandrin et des rimes embrassées ou suivies. La progression de la description respecte rigoureusement les strophes selon un usage traditionnel : le premier quatrain pose le décor de la « forêt des coraux abyssins », le second le détaille, puis le troisième tercet introduit l'acteur du poème qui va opérer les changements dramatiques : le poisson. Il y a donc un resserrement du général au particulier, du décor à un élément individuel. Celui-ci est représenté par la métonymie : « sa splendide écaille ». Puis au début du dernier tercet, vers appelé la «volte», il s'anime brusquement, permettant donc un retournement dans