Le sport comme un facteur d'équilibre
Par quelles mystérieuses voies l'exercice a-t-il un tel impact sur le cerveau émotionnel ? Il y a d'abord, bien sûr, son effet sur les endorphines. Ce sont de petites molécules sécrétées par le cerveau et qui ressemblent beaucoup à l'opium et à ses dérivés comme la morphine et l'héroïne. Le cerveau émotionnel contient de multiples récepteurs pour les endorphines, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est si sensible à l'opium qui donne immédiatement une sensation diffuse de bien-être et de satisfaction. L'opium est même l'antidote le plus fort qui soit contre la douleur de la séparation ou du deuil. Comme un pirate, l'opium détourne un des mécanismes intrinsèques du bien-être et du plaisir dans le cerveau.
Toutefois, lorsqu'on les utilise trop fréquemment, les dérivés de l'opium entraînent une « habituation », une accoutumance des récepteurs du cerveau. Du coup, il faut augmenter la dose chaque fois pour obtenir le même effet. En outre, comme les récepteurs sont de moins en moins sensibles, les petits plaisirs quotidiens perdent toute leur signification ; y compris la sexualité, qui est le plus souvent réduite à néant chez les toxicomanes.
C'est l'inverse qui se passe avec la sécrétion d'endorphines induite par l'exercice physique. Plus le mécanisme naturel du plaisir est ainsi stimulé, en douceur, plus il semble devenir sensible. Et les gens qui font régulièrement de l'exercice reçoivent plus de satisfactions des petites et des grandes choses de la vie : de leurs amis, de leur chat, des repas, de leurs lectures, du sourire d'un passant dans la rue. C'est comme s'il était plus facile pour eux d'être satisfaits. Or, avoir du plaisir, c'est justement l'inverse de la dépression, laquelle est avant tout définie par l'absence de plaisir, bien plus que par la tristesse. C'est sans doute pour cette raison que la libération d'endorphines a un effet antidépresseur et anxiolytique