Le stalinisme et le syndrome de l’hérésie
L’expression « syndrome de l’hérésie » convient parfaitement pour rendre compte des rituels et de la propagande, des persécutions subies par ceux qui avaient - ou auraient pu avoir, ce qui est le cas le plus fréquent - des opinions divergentes par rapport au credo prétendument commun. De façon caractéristique, c’est Staline lui-même qui a « expliqué », dans l’un de ses discours, qu’il y a « déviation » dès lors qu’un fidèle du Parti commence à « avoir des doutes ».
Sur ce thème, citons Georges Duby, qui a étudié l’hérésie au Moyen Age, une époque où des méthodes très élaborées ont été mises au point pour extirper la dissidence et assurer la conformité :
"On a vu que l’orthodoxie suscitait l’hérésie en la condamnant et en la nommant. Mais il faut ajouter enfin que l’orthodoxie, parce qu’elle punit, parce qu’elle poursuit, met en place tout un arsenal, qui vit ensuite son existence propre, et qui souvent même survit longtemps à l’hérésie qu’il devait combattre. L’historien doit considérer avec la plus grande attention ces institutions de dépistage et leur personnel spécialisé, souvent constitué par d’anciens hérétiques qui se rachètent.
« L’orthodoxie, parce qu’elle punit et qu’elle poursuit, installe également des attitudes mentales particulières, la hantise de l’hérésie, la