le tartuffe
Toutefois Tartufe ne jouit pas de la même faveur auprès du reste de la famille Damis ; l’appelleun « pied plat » et la suivante Dorine, scandalisée de l’empire qu’il a pris sur son maître, s’écrie : « Certes, c’est une chose aussi qui scandalise
De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ;
Qu’un gueux, qui, quand il vint n’avait pas de souliers,
Et dont l’habit entier valait bien six deniers,
En vienne jusque-là que de se méconnaître,
De contrarier tout et de faire le maître. » Cléante, beau-frère d’Orgon, essaye vainement de le détromper sur le caractère du personnage et cherche à l’éclairer sur la différence qui existe entre la vraie et la fausse dévotion. Son langage, plein de bon sens et de vérité, ne persuade pas Orgon. Son aveuglement à l’égard de Tartufe va toujours croissant. Il lui promet sa fille en mariage, lui confie un secret d’État qui peut le compromettre gravement ainsi qu’un de ses amis, enfin il déshérite son propre fils, qui a tâché de démasquer Tartufe, et il fait au faux dévots donation de toute sa fortune. C’est Elmire, femme d’Orgon, qui se charge alors d’ouvrir les yeux de son mari. Elle lui fait juger par ses propres oreilles de l’indignité et de l’infamie de Tartuffe. Orgon, convaincu enfin de la perversité de cet homme, l’accable d’injures et lui ordonne de sortir de sa maison. « La maison est à moi, c’est à vous d’en sortir », s’écrie Tartuffe, en montrant l’acte de donation. Mais ce n’est pas tout la liberté d’Orgon est aussi compromise que sa fortune, car le traître a dévoilé le secret qui lui avait été confié ; il amène lui-même l’exempt et semble triompher de tous points, lorsqu’il est soudain arrêté et jeté en