Le temps c'est de l'argent

3269 mots 14 pages
« Le temps, c’est de l’argent. »

« Time is money» (« Le temps, c'est de l'argent ») : la formule de B. Franklin est faite pour frapper, pour devenir proverbiale. Extraite de l'Advice to a Young Tradesman, written by an old one (21.07.1748), elle peut passer pour un bon résumé du « credo» capitaliste de l’économie de marché.

Mais comment le temps peut-il « être » de l’argent? Sur quel fondement ontologique ou sur quelle structure intellectuelle et idéologique peut s’établir une telle identification ? Et quelle attitude alors à l'égard du temps, de l'argent et du travail, est préconisée par cette formule?

[I. La valeur de l’argent dérive de celle du temps]

1. L’éthique de l’otium

Pour un homme de l’Antiquité, la valeur de l'argent était tout entière dérivée de celle du temps. Un homme libre est celui qui possède suffisamment de bien pour pouvoir disposer de son temps à sa guise. Être libre, c'est être libéré du fardeau que constitue pour l'homme le fait de devoir subvenir à ses besoins. La liberté consiste avant tout à pouvoir disposer librement de son temps. L'« otium » (« skolè », en grec), le temps libre ou la « retraite », est de toutes les choses la plus précieuse, car c'est elle qui nous permet de disposer effectivement de toutes les autres. C'est pourquoi Sénèque stigmatise le comportement de ses contemporains qui se perdent eux-mêmes dans « l’affairement », dans l’agitation des « affaires » (« nec-otium », « askolia ») et gaspillent ainsi leur temps comme s'il était chose de nulle valeur. « Brève est la vie des gens occupés » (De la brièveté de la vie), ces insensés qui dilapident leur existence en remettant sans cesse à plus tard l’heure de « la retraite » (« otium »), c’est-à-dire de la véritable réconciliation avec soi-même. Pourquoi, demande le sage stoïcien, s'agissant du temps de la vie, est-on « inconsidérément prodigue, dans le seul domaine où l'avarice n'aurait rien de déshonorant ? » (Id.) Pourquoi, pour une

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