La tradition théâtrale est ancrée dans la société occidentale depuis l’Antiquité et les fêtes païennes célébrant Dionysos et donnant l’occasion aux auteurs de tragédies et comédies de montrer leur talent.
Une pièce de théâtre est constituée par une longue suite de paroles échangées entre les différents personnages. On peut donc se demander si le théâtre en Occident est uniquement un « théâtre de la parole », comme le déplore Anthonin Arthaud. Pour cela, on s’interrogera, dans un premier temps, sur le rôle réel de la parole dans une œuvre théâtrale, puis on nuancera son côté essentiel en mettant en évidence la place importante occupée par le côté physique du théâtre, à savoir, sa mise en scène, enfin on montrera comment le texte et sa mise en scène s’associent pour former un tout qu’on appelle théâtre. Il est vrai que l’essence du théâtre repose sur la parole, le texte déclamé par les acteurs. Une pièce de théâtre ne peut exister sans elle, c’est pourquoi il existe tant de formes de paroles : stichomythie, monologue, dialogue, aparté, tirade… qui chacunes jouent un rôle indubitable dans la pièce.
Tout d’abord, les paroles véhiculent des informations essentielles pour le développement de l’intrigue. Dans les scènes d’exposition classiques ce sont les dires des personnages qui nous permettent d’apprendre le lieu et le moment de l’action, les relations entre les personnages ainsi que les événements antérieurs à l’intrigue.
C’est le cas dans Rodogune de Corneille où l’exposition dure deux scènes et est composée de tirades de différents personnages.
De plus, la règle de la bienséance du théâtre classique ne permet pas de montrer un meurtre sur scène. Ainsi Boileau dit : « Ce que l’œil du spectateur ne peut voir, qu’un récit nous l’expose. «. Les éléments pouvant choquer le public se déroulent alors dans la coulisse et sont ensuite relatés par un personnage sur scène. Dans Le Cid, la guerre contre les Maures ainsi que le duel de Rodrigue et du père de Chimène sont