En septembre dernier, un étudiant, déprimé par les résultats négatifs de sa session, pestait contre la non-reconnaissance des efforts qu’il produisait, mais surtout et avant tout sur le fait qu’il avait encore « perdu » un an, qu’il se sentait vieux, qu’il angoissait face à des objectifs qui, de toute façon, ne semblent pas atteignables pour lui ; les échecs successifs lui faisant perdre confiance et lui gâchant, par la même occasion, la vie. Ses journées d’étude ne lui paraissaient guère longues, du fait de la passion avec laquelle il s’y investissait ; néanmoins, il donnerait désormais tout pour allonger ces dernières, étendre indéfiniment la vie et, de cette manière, réduire la pression qu’il se met à « réussir » dans les temps impartis. Cette anecdote m’interpelle et me pousse à m’interroger sur les considérations à tenir en ce qui concerne le travail dans son rapport à la temporalité humaine. Selon Diderot, l’ensemble des activités et labeurs humains s’ils sont coordonnés en vue d’une production, d’un objectif à atteindre réduisent l’empreinte (pouvant être douloureuse) du temps. Le cas échéant, ils, rendent dès lors à la vie toute sa grandeur, son intensité. En d’autres termes, l’Homme, lorsqu’il fait œuvre de son existence la rend ainsi durable. Pour d’autres, le travail, sous cette acception d’orientation consciencieuse de forces, par la limite qu’il impose à la non-prise de sérieux, par la contrainte de l’inéluctabilité et de la proximité de la mort qu’il soulève (la vie étant courte, elle se doit donc d’être importante), met à mal, voire rend impossible une quelconque prétention d’ampleur. En somme, les actions humaines organisées sont-elles facteurs d’anéantissement de tout espoir de profondeur attribuable à la vie ? Ou, au contraire, sont-elles forces révélatrices du sens de celle-ci ?

Les deux prises de position engendrées par les questions venant d’être soulevées sont issues de diverses conceptions mentales tenant elles-mêmes de différents