Le village des "cannibales", alain corbain: etude du chapitre 1
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Au premier abord, la noblesse du Périgord semble riche et puissante, car on y trouve de nombreux châteaux, ce qui n'est pas sans influence sur l'imaginaire collectif. Ces grandes propriétés sont détenus par une noblesse décrite comme « arrogante », une alliée du cléricalisme fort qui a pendant très longtemps imposé la dîme. Cette description tient en fait plus de l'imaginaire que du réel, et c'est celle faite par une bourgeoisie qui cherche à influencer la paysannerie locale. La réalité de ces nobles est en fait beaucoup plus hétérogène. En premier lieu, il faut relativiser ces richesses, car la Dordogne n'est en fait pas « une zone de grande propriété nobiliaire ». Ralph Gibson, dans sa thèse citée par Corbin, les qualifie même de « piètres notables ». Cette richesse somme toute modeste se justifie par le fait que cette petite noblesse rurale n'est pas très efficaces dans les affaires, et que de par sa proximité avec la paysannerie, elle ne l'exploite pas vraiment. Pour elle, le souci de rentabilité ne prime pas. Politiquement, les nobles de la région sont loin de l'extrémisme. En grande majorité, ils sont favorables au Second Empire mis en place par Napoléon III, mais beaucoup conservent encore quelques idées légitimistes. Ce sont ces idées qui sont mises en avant par la bourgeoisie rurale afin d'étendre son influence sur la paysannerie au détriment de la noblesse. La noblesse ne prône donc pas les idées de féodalité que l'on veut bien lui prêter, elle est même plutôt familière avec la paysannerie et la bourgeoisie. Cette familiarité se retrouve dans le caractère sympathique et généreux d'Alain de Monéys, qui n'est pas un cas isolé. Dernier point mit en avant par la bourgeoisie, les liens de la noblesse et de l'Église. Si l'histoire commune de ces deux branches de la société est séculaire, il ne faut toutefois pas l'exacerbée au point de tomber dans l'exagération dont a pu faire preuve la bourgeoisie de