Le voyage des amoureux au moyen âge : entre réalité et roman
C’est vrai que le concept moderne du voyage lié au lieu éloigné et sa connotation de loisir et de vacance n’existait guère au Moyen Âge, mais en contraste il se confondait plutôt avec les éléments concrets en quoi il consistait, tels que la « voie », le « viaticum » (mot latin qui désigne les provisions de voyage). Mais dans une société où l’horizon était borné, la mobilité était réduite, et l’environnement était dangereux et hostile, sans agences de tourisme qualifiées, ni de Guide Vert Michelin sous la main, il semble quand même que les gens du Moyen Âge ne jouissaient pas moins que nos contemporains de leurs voyages.
Certes, comme Jean Verdon nous affirme, « la plupart des déplacements concernent de courtes, voire de très courtes distances » (Verdon, p. 9), qu’ils ne méritent pas l’appellation de « voyages » au sens actuel, mais les voyages effectués par les pèlerins étaient surtout une exception étonnante, suivis par ceux des pèlerins armés qui sont les croisés. Aussi constatons-nous qu’entre le voyage mythique d’Ulysse et les voyages des grandes découvertes pendant la Renaissance, le Moyen Âge, malgré toute difficulté du déplacement, ne cessait jamais de bouger, à tout niveau.
Dans son ouvrage Voyager au Moyen Âge, Jean Verdon nous montre que les motifs de voyager au Moyen Âge ont une typologie aussi large qu’en notre époque : les voyages des touristes et des explorateurs, bien qu’ils ne fussent pas populaires, sont précédés par les pèlerinages, les croisades et les voyages des ecclésiastiques, en passant par ceux des diplomates, des courriers, des officiers, et des soldats, sans jamais oublier les voyages des jeunes nobles et des marchands. Ces voyageurs, malgré de différents difficultés et obstacles naturels et humains, ont pu se